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Ethiopian Airlines: le système de Boeing mis en cause était activé

Le système anti-décrochage MCAS, mis en cause dans l’écrasement du 737 MAX 8 de Lion Air, était également activé dans l’appareil d’Ethiopian Airlines peu avant que celui-ci ne pique du nez et s’écrase le 10 mars, a indiqué vendredi à l’AFP une source proche du dossier.

Cette information fait partie des conclusions préliminaires tirées de l’analyse des boîtes noires du vol 302 d’Ethiopian Airlines, a poursuivi la source sous couvert d’anonymat.

Elle a ajouté que l’information avait été présentée jeudi aux autorités américaines, dont l’agence fédérale de l’aviation (FAA), qui analysent les données transmises par l’Éthiopie.

Il n’est pas exclu que les régulateurs américains revoient leurs conclusions, a toutefois averti la source, confirmant des informations du Wall Street Journal.

La FAA s’est refusée à tout commentaire.

Boeing, qui n’a pas souhaité commenter cette information, fait face à une première plainte déposée par la famille d’un citoyen rwandais, Jackson Musoni, une des 157 personnes mortes dans l’ accident survenu au sud-est d’Addis Abeba quelques minutes seulement après le décollage.

La famille de M. Musoni, via son avocat, accuse Boeing d’avoir développé un système anti-décrochage défectueux.

Les autorités éthiopiennes ont promis de leur côté de présenter le rapport préliminaire sur l’accident d’ici la mi-avril mais elles ont déjà dit qu’il y avait des «similarités claires» entre l’écrasement du vol 302 d’Ethiopian Airlines et celui du vol 610 de Lion Air le 29 octobre (189 morts).

Dans les deux cas, les régulateurs et les experts aéronautiques estiment que le logiciel anti-décrochage MCAS (Maneuvering Characteristics Augmentation System) a joué un rôle.

Il a été installé sur les 737 MAX pour compenser les problèmes aérodynamiques posés par le changement d’emplacement et le poids des deux moteurs de l’appareil.

«Il y a eu une reconfiguration de l’avion, ce qui signifie que les moteurs ont été avancés (…), changeant sans aucun doute la forme du fuselage et au final altérant l’aérodynamisme», a indiqué par téléphone à l’AFP Steven Marks, le conseil de la famille de Jackson Musoni.

«Nous ne pouvons pas faire de commentaire sur la plainte. Nous présentons nos condoléances aux familles et aux proches des passagers d’Ethiopian Airlines. Boeing continue de prendre part à l’enquête et travaille avec les autorités pour évaluer les nouvelles informations au fur et à mesure qu’elles sont disponibles», a déclaré un porte-parole par courriel.

La flotte des 737 MAX, 8 et 9, est immobilisée au sol depuis mi-mars après l’accident d’Ethiopian Airlines.

Les premiers éléments de l’enquête sur le 737 MAX de Lion Air indiquent qu’une des sondes d’incidence de l’appareil était tombée en panne, mais elle avait continué à transmettre des informations aux calculateurs, notamment au MCAS, qui continuait de tenter de faire piquer l’avion pour reprendre de la vitesse malgré les tentatives des pilotes de redresser l’avion.

Boeing a présenté mercredi des modifications du MCAS pour le rendre «plus solide» afin de regagner la confiance du grand public et de convaincre les autorités de lever l’interdiction de vol frappant les 737 MAX.

L’avionneur a rejeté au passage l’idée que ces changements suggéraient que la conception de départ était inadaptée.

«La procédure que nous observons avec les régulateurs sur la conception des avions a toujours conduit à des appareils plus sûrs», a déclaré un dirigeant de Boeing, ajoutant que «la rigueur et la profondeur de la conception entourant le MAX et les tests effectués nous permettent de dire que les modifications que nous faisons» auraient permis d’éviter les deux accidents.

L’intervention du MCAS sera désormais plus transparente pour l’équipage, et les pilotes pourront plus facilement le contourner en cas de problème, a plaidé l’avionneur.

Le but est d’empêcher ce système de s’activer à cause de fausses données, a précisé Boeing, qui a aussi prévu de mieux former les pilotes aux subtilités du MCAS et du 737 MAX.

Il faudra sans doute attendre de longs mois pour connaître les causes des deux accidents.

Le ministère de la Justice américain a ouvert une enquête criminelle sur le développement du 737 MAX, tandis qu’un audit sur la certification du MCAS est en cours.